Enquête mondiale sur le Climat des affaires
Les dirigeants français inquiets et pessimistes
Approche des élections américaines, avenir du Royaume-Uni dans l’Union Européenne, climat social en France : le risque politique est élevé aujourd’hui dans le monde. Comment les responsables financiers à travers le monde perçoivent-ils les impacts potentiels de ces incertitudes sur la vie économique mondiale ?
Grenoble Ecole de Management publie les résultats du Baromètre Climat mondial des affaires du 2ème trimestre 2016, réalisé en partenariat avec Duke University, Tilburg University et l’Association des Directeurs Financiers et de contrôle de Gestion.
L’enquête a été réalisée du 17 mai au 3 juin 2016, auprès de 1.200 Directeurs Administratifs et Financiers (DAF) d’entreprises de tous les secteurs et de toutes les tailles, dans 40 pays.
Rappelons que le Baromètre Climat mondial des affaires est réalisé chaque trimestre pour évaluer le climat des affaires, les sources de risque pour les entreprises et les prévisions de croissance. Ce trimestre, le baromètre mesure aussi l’impact potentiel sur l’économie des incertitudes politiques, notamment le Brexit.
Pour Philippe DUPUY, professeur à GEM : « L’enseignement le plus étonnant de l’enquête est que la perception du risque politique est plus élevé en France qu’au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, malgré le Brexit ou la campagne présidentielle américaine. L’enquête montre aussi que le Brexit apparaît plus comme un risque pour le continent que pour les britanniques. Mais malgré de nombreux facteurs de risque politique, le niveau d’optimisme rebondit dans la plupart des pays ».
Les politiques gouvernementales inquiètent les français
85% des entreprises françaises interrogées considèrent que le risque politique est élevé en France, alors que ce chiffre n’atteint que 73% au Royaume-Uni et 79% aux Etats-Unis.
Cette inquiétude du risque politique en France a un impact sur la vie économique : 51,5% des entreprises disent être plus prudentes dans leurs embauches qu’en temps normaux (contre 35% au Royaume-Uni, malgré le Brexit).
Interrogés sur la principale difficulté à laquelle les entreprises sont confrontées, les DAF de tous les pays citent d’abord le contexte macro-économique, puis la faiblesse de la demande. En Europe, les politiques gouvernementales complètent le trio de tête.
En France, le moral des employés ressort en tête, avec 41,6% des responsables financiers qui le placent dans les 3 premières sources de risque. Ailleurs dans le monde ce risque est seulement ressenti par 13% des entreprises.
Brexit : un risque plus grand pour l’Europe que pour le Royaume-Uni ?
Selon les DAF britanniques, le Brexit constituerait davantage une perte pour l’Europe que pour leur pays : si 73% considèrent préférable de rester dans l’union pour l’activité économique du Royaume-Uni ; 93,3% considèrent qu’il est préférable que le pays reste dans l’union pour l’économie de l’Europe.
En outre, si 87,7% des britanniques pensent qu’une victoire du Brexit mettrait en danger la cohésion de l’union, ce chiffre n’est que de 58,8% en France. Et 40% des britanniques pensent que le Brexit serait potentiellement dangereux pour la gestion financière des entreprises, contre seulement 5% en France.
Rebond de l’optimisme mondial
Malgré ces facteurs de risque politique, l’enquête montre que le niveau d’optimisme augmente au 2ème trimestre 2016 en Europe et aux Etats-Unis, pour atteindre des niveaux permettant d’anticiper une croissance positive de l’activité manufacturière mondiale.
Aux Etats-Unis, sur 100 points, l’indicateur de climat des affaires passe à 59,4 contre 58,6 au 1er trimestre 2016. En Europe, l’indicateur s’établit à 55,3 contre un niveau de 53,0 au 1er trimestre 2016. Ce sont les pays du nord les plus optimistes (63,8 en Norvège). La Grèce et le Portugal enregistrent les chiffres les plus faibles.
En France, le niveau d’optimisme s’établit à 52,7 contre 51,1 au trimestre précédent. A l’exception du 4ème trimestre 2015, le climat des affaires vient d’enregistrer 18 mois consécutifs au–dessus de 50. Ces résultats se sont traduits par une reprise de l’activité et une stabilisation du chômage qui devraient durer à l’horizon 2017.
Dans le reste du monde, le niveau d’optimisme remonte fortement au Brésil passant de 37 à 55 après plusieurs trimestres au-dessous de 50. L’aboutissement de la crise politique qui a conduit à la mise à l’écart de la présidente Dilma ROUSSEF semble être perçu comme un facteur positif par les milieux économiques du pays.
Le niveau d’optimisme reste très élevé au Mexique (65) et au Pérou (68) mais faible au Chili (45). En Asie, l’optimisme est au plus haut en Inde (67) et au plus bas au Japon (48), la Chine se situant au milieu à 55.
Perspectives de hausse du C.A
Les anticipations de hausse du chiffre d’affaires restent comparables en Europe et aux Etats-Unis (respectivement +5,6% et +6,0%) et relativement stables par rapport au trimestre précédent.
Avec +3,1%, la France est dans la moyenne basse des pays européens.
Après avoir brutalement chuté au trimestre précédent, les anticipations de chiffre d’affaires en Asie redeviennent positives à 6,8%.
